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Evidemment, le matin venu, tout le monde se presse aux temples, principalement de deux sortes : les temples traditionnels, et les temples bouddhistes. La différence entre les deux me paraît très superficielle. |
Un point commun, déjà : on y va comme à une sorte de promenade, il n'y a pas d'horaire de messe où tout le monde va devoir se forcer à s'asseoir, se lever en même temps que les autres, voire à brailler des chants dans une langue ou une autre, comme c'est le cas pour les religions totalitaires. |
Autre point commun : comme dans un grand magasin, chacun a son rayon favori pour faire sa prière. Ca permet de contenter tout le monde. |
Ah, oui : devant les portes des temples comme des maisons, on met des branches de pin et des tiges de bambou, le symbolisme associé étant évident : le bambou croît en toutes circonstances, et le pin reste toujours vert. On y associe aussi des cordes de tiges de riz, et des colifichets divers. |
Il y a aussi le lieu où l'on va se purifier la bouche... Ca ressemble furieusement à un lavabo... |
Eventuellement, sous pretexte de bien se purifier la bouche, on peut se désaltérer en douce, au nez et à la barbe du prêtre... Moi, je dis que que c'est un avantage concurrentiel à la limite du déloyal sur les lieux de cultes des religions sévères. |
Il ne fait tout de même pas oublier de donner à manger aux dieux. Il paraît qu'ils aiment bien ça. Si j'étais une langue de vipère, je dirais que le prêtre est un goinfre... |
En parlant du prêtre : le voilà, derrière son comptoir. Voilà bien un homme heureux. |
La vente de début d'année se passe plutôt bien : porte-bonheurs en tous genres, y compris la flêche caractéristique, utilisée pour éloigner les démons... Comme je suis un mécréant indécrottable, je vais lui en acheter une pour décorer mon salon... Et voilà que le brave jeune homme me dit que les flêches qu'il vend sont très simplifiées, par rapport au modèle bouddhiste. |
Bon, ok, j'ai compris le message, je vais devoir aller dans l'autre temple, à deux pas, comme tout le monde, pour voir le côté bouddhiste. En partant je dis au-revoir au chat de garde. |
... Et en arrivant à l'autre temple, je dis bonjour aux chats de garde. |
Vachement original. On sent tout de suite la différence avec la religion du temple précédent. |
Même le lavabo, je n'avais pas vu ça avant. Dingue. |
Tiens, les dieux de ce temple semblent manger la même pâtée pour dieux que ceux du temple de tout-à-l'heure. |
A moins que... Tiens, le prêtre d'ici me semble aussi bien nourri que l'autre. Mais la différence ! Il a une chemise sombre ! |
Le comptoir à amulettes est aussi subtilement différent : la toile est rouge, les nappes bleues, par exemple... |
La tirelire pour la quête donatoire transcendentale est située bien évidence, afin que personne ne la rate... |
Et juste derrière, on peut même se rouler un j... heu, je voulais dire, se purifier avec la fumée. |
Il vaut mieux toutefois ne pas trop abuser de la chnouff ; on risque de voir des trucs bizarres après. |
On va quand même trouver une vraie différence avec le temple de ce matin : dans celui-ci on trouve toute une ribambelle de dieux. |
Comme le temple est une sorte de jardin, ils en sont, en quelque sorte, les nains... |
Dans certains cas, on se demande laquelle des deux statues est le dieu, et laquelle est son animal de comapagnie... |
Si les animaux de compagnie ne sont pas statufiés, c'est bien sûr plus facile de faire la différence... |
Finalement, parmi toutes les boutiques de ce supermarché de la religion, j'en trouve une qui me convient à peu près. |
Le nouvel an 2001 se solde par un plein succès et des temples combles. On ne va pas s'arrêter à un si bon début ; rendez-vous est déjà pris pour la fête des haricots, le mois prochain... |