La peur

Un animal, sorte de chien au poil roux et aux crocs acérés, bavait de plaisir depuis un bon moment, à cause de l'odeur très forte de la chair en putréfaction associée à celle des vieux excréments oubliés sur place. Sa langue râpeuse passait avec délectation sur ses babines desséchées. Ses pattes, sales et fort laides, commençaient à trembler un peu, étant donnée la distance parcourue sans rien pouvoir avaler, depuis que ce fumet aguicheur avait commencé à chatouiller ses narines... Les yeux injectés de sang, la bête immonde, charognard bien connu des environs, et soigneusement évité des animaux de bonne éducation, aperçut le cadavre...

L'homme était mort depuis une bonne semaine, et il -ou plutôt ce qui restait de lui- commençait franchement à bien parfumer le voisinage. Mariné à point, semblait-il, il faisait déja le régal d'une petite centaine de mouches dorées, qui bourdonnaient joyeusement autour de ce qui aurait pu être un moignon de jambe droite, et de ce qui se trouve un peu plus à gauche, s'il avait survécu à ses blessures. Le chien-hyène observa la scène pendant quelques instants, avec sa prudence habituelle: mis à part son souper, il trainait pas loin de là, sur un sentier de poussière brune, une espèce de tas de viande carbonisé, et déja bien entamé par une colonie de fourmis rouges ravies de l'aubaine, affectant vaguement la forme d'un boudin blanc terminé à un bout par une monstrueuse paire de machoires aux dents étincelantes... Après s'être assuré qu'aucun prédateur plus gros que lui ne se trouvait à proximité, l'animal gratta le sol de ses pattes arrières, tout en remuant la queue de gauche à droite une fois, deux fois, trois fois... Puis il s'élança en poussant un hurlement joyeux, comme un "à table!" gourmand, vers ce beau cadavre de chasseur à la peau noire, si alléchant!...

Un éclair rouge le foudroya.

Bien que la bête soit morte sur le coup, le rayon laser continua pendant de carbonisantes minutes de balayer sa carcasse fumante. Puis le systême automatique de sécurité de la Centrale estima que tout danger d'agression était écarté, et le faisceau fut coupé, ne laissant du mangeur de charogne qu'une grillade trop cuite.

***

Non loin de là, caché derrière un promontoire rocheux, un humain réel n'avait rien perdu de cette mésaventure et cogitait avec intensité.
-"Qu'en dis-tu, Xris?" Cette question le fit se retourner vers ses compagnons, tous des imaginaires: trois fées, une chasseresse, un chat géant et une dizaine de loups. C'était la nouvelle-venue dans le groupe qui avait posé la question.
-"J'en dis, Elma, que nous aurons peut-être quelques problêmes pour détruire la Centrale! Même les animaux les plus prudents ne passent pas inaperçus!"

C'était bien sûr une façon de parler: Xris était totalement découragé... Les défenses automatisées de la Centrale avaient été conçues pour ne rien laisser passer de dangereux, alors, une équipe de personnages déterminés à priver Eurar (et le reste du Monde) de sa seule source d'énergie? Non, cela semblait bien du suicide!

Et pourtant... Si Leu leur avait donné cette mission, c'est qu'il les en savait capables. Xris regarda dans la direction d'Alexia et ses deux soeurs: cette charmante jeune fille le regardait aussi; elle lui sourit, il lui rendit son sourire. Des êtres partageant le pouvoir de lire les émotions ne peuvent se cacher bien longtemps leurs sentiments, et Xris se sentait prêt à l'impossible pour protéger cette création de Leu -la plus belle, selon lui.

Depuis un moment et de loin, sans se faire remarquer, même par ses frêres loups, Vengeance s'activait à stimuler les légendaires facultés d'analyse de cet ancien musicien, qui avait su, des années auparavant, comprendre la nature des liens qui unissaient Leu à son peuple.
-"Réfléchissons...", pensa celui-ci, "Si j'avais été à la place des constructeurs, comment aurais-je conçu le systême de défense? Quelles sortes de menaces aurais-je laissé de côté comme trop improbables?..."

***

A des années lumière de ces hautes préoccupations, quelqu'un marchait d'un pas tranquille dans un couloir très long, qui aurait pu être poussièreux, mais qui était régulièrement entretenu par des robots nettoyeurs, et ce, depuis des siècles...

Tout ici avait un aspect très, très ancien, voire préhistorique: on se trouvait assurément dans la demeure ancestrale d'une très vieille famille. Le seul point sombre et que son unique occupant était un homme d'apparence juvénile, aux origines noyées dans la brume: Mivi. Ce palais, que personne d'autre n'avait visité depuis des temps immémoriaux, était son domaine privé, sa maison, ses appartements.

Au lieu de revenir dans la partie habitable par le même chemin que précédemment, il se dirigea vers un autre sas, sur la porte duquel on pouvait encore distinguer le mot "ADMINISTRATION". Ce sas n'avait pas servi depuis des dizaines d'années, mais c'est avec un certain plaisir que le chef de la police en manoeuvra le volant d'ouverture. Lorqu'il fut dépoussiéré, désinfecté, décontaminé, il put acceder à ces antiques locaux, aux meubles usés, mal éclairés...

Le plaisir subtil qu'il avait à arpenter ces couloirs qu'il connaissait par coeur fut toutefois interrompu par un signal d'alarme, fort désagréablement émis au premier plan de ses perceptions par le terminal implanté dans son cervelet:

"XWPL-MESURE D'URGENCE... SURCHARGE DES SYSTEMES AUTOMATIQUES DE GESTION - ACCROISSEMENT ATYPIQUE DU NOMBRE D'INCIDENTS EXTERIEURS... DEMANDE DE PUISSANCE SUPPLEMENTAIRE..."
-"Tiens tiens!", se dit-il à lui-même tout en souriant, "Le voilà qui passe à l'offensive!... Et bien, non! Pas question que j'alloue aux systêmes de gestion plus de puissance que d'habitude. Je vais expédier ces dossiers moi-même, et sur-le-champ!"

Dans les minutes qui suivirent, Mivi s'immobilisa, toute son attention accaparée par sa contre-offensive. En effet, un nombre bien plus élevé qu'a l'accoutumee de centres policiers secondaires faisaient simultanément état d'escarmouches sanglantes aux frontières d'Eurar. Tous les rapports concordaient: une offensive générale d'êtres imaginaires venait de commencer. Priorités absolues pour le chef de la Police: rapidité, efficacité, secret.

Après un long moment passé à traiter à grande vitesse le flux massif de données en provenance de ces divers postes de police, Mivi s'avança vers un bureau où il savait trouver... un coffret de jeu d'échecs! Qu'il prit religieusement dans ses mains, avant de repartir vers le sas, le sourire aux lèvres.
-"Et maintenant, plus une minute à perdre!", dit-il tout haut, "Il va être temps de remonter, et de convoquer une réunion extraordinaire du Conseil Municipal, mais auparavant, juste un peu de ménage à faire!"

***

Dans un autre monde, inaccessible et légendaire, un personnage volontairement solitaire, assis à un pupitre de style moyenâgeux, terminait l'enluminure d'un parchemin incroyablement long. Sa barbe blanche, la plume que sa main relevait avec satisfaction de son chef-d'oeuvre, et sa robe de bure lui donnaient l'aspect d'un moine copiste des temps anciens. Plus troublant encore, la bibliothèque qui l'entourait, avec ses recoins poussiéreux, ses murs de pierre, ses hautes et étroites fenêtres garnies de superbes vitraux représentant l'Accession à la Connaissance, ses colonnades, ses couloirs sans fin...

Un édifice sans accès à l'extérieur, sans extérieur, en fait. Isolé de tout, même du temps, univers en lui-même, destiné à contenir un incommensurable amoncellement d'ouvrages, certains de taille normale, d'autres, comme celui que rédigeait ce personnage, si longs que mille générations de lecteurs humains n'auraient suffit pour les lire.

Des traités de mathématiques. Inhumaines.

La bibliothèque de travail d'un Maître.

Il se releva, reposa sa plume, et alla ranger ce volume à la suite des autres, dans les rayonnages.
-"J'ai terminé.", annonça-t'il avec fermeté, sans émotion.

La bibliothèque sembla soudain s'effilocher et disparaitre dans le néant, laissant place à un paysage de ruines balayées par les vents, au bord de la mer... Trois personnes vétues de blanc semblaient l'attendre.

Le personnage lui-même changea d'aspect, abandonnant son apparence de sagesse intemporelle en même temps que son costume de travail, pour un aspect plus familier et autrement plus inquiétant: après plusieurs milliards d'années de temps subjectif passées à la rédaction de son traité, Lukas était de retour parmi les siens. Il s'adressa à ses pairs avec une détermination inébranlable:
-"Je suis prêt. La probabilité de réussite est de un demi. Tous les détails sont dans mon dossier, à la bibliothèque."

Pour les trois autres, toute l'absence de Lukas n'avait duré qu'un instant, pourtant, la maturité acquise par leur ami au cours de l'insondable période de réflexion qu'il s'était accordée leur donnait la mesure de la complexité de son "dossier". L'univers sembla vaciller légèrement, comme pour marquer ces paroles.

Lukas se tourna vers son épouse, Gwendoline, toujours plus agée que lui, malgré le temps qu'il avait vécu, en retrait de l'écoulement "normal"...
-"Je reviendrai. Dans quelques années, au plus."

Sans un mot, celle-ci tourna les talons, et tous la suivirent, en direction d'une entrée, dans les ruines.

***

-"Ne perdons pas de temps, Madame Nol! Je ne suis ici que pour représenter le conseil pour l'expérience, alors, allons-y, je vous prie!"

A peine débarquée sur la base secrète L-23, située quelque part sur la face cachée de la Lune, et voici que, comme à son habitude, Mme B. Terranova, politicienne réputée et membre du Conseil de la Terre Unie, faisait fi du protocole pour aller droit au but: elle était en service commandé, et n'avait pas de temps à perdre en salamalecs, d'autant qu'aucune caméra ni journaliste n'étaient présents sur les lieux -base secrète oblige!

Le petit comité d'accueil, composé de cadres techniciens ou chercheurs, qui avait été rassemblé en l'honneur de Madame la Conseillère, se dispersa aussitôt, chacun se sentant soulagé d'éviter ainsi une belle perte de temps.
-"Bien, madame. Veuillez prendre place dans le véhicule de liaison."

B. Terranova suivit l'ingénieur Nol, députée pour la circonstance parce qu'elle s'était portée volontaire pour la corvée d'accompagnement de cette politicienne -il faut bien se sacrifier de temps en temps, histoire de justifier le colossal budget alloué par la Terre aux services de recherche! - dans un petit appareil de transport de personnel, à huit places. Une fois les portières étanches hermétiquement refermées, le pilote automatique fut programmé pour le site d'expérience, et le véhicule s'éleva dans le ciel d'encre piqueté d'étoiles.

Angeline Nol était une femme d'une bonne cinquantaine d'années, mais n'en paraissait guère que trente cinq, contrairement à B. Terranova, qui, à quarante deux ans, avait derrière elle une carrière exceptionnelle (la moyenne d'àge au conseil était de soixante cinq ans!), mais semblait ratatinée, comme usée par le difficile exercice du pouvoir politique, et paraissait, malgré de très fréquents séjours dans les instituts de relaxation, bien plus agée! Elle prit la parole, autant pour meubler le silence du trajet jusqu'au terrain que pour marquer une introduction à ce qui allait suivre. Et aussi parce qu'elle s'était crevée à écrire un discours pour accueillir cette terreuse, et qu'elle le lui déviderait, de gré ou de force! Na!
-"Madame Terranova, pendant que le véhicule de liaison nous fait franchir la distance jusqu'au site expérimental, permettez que je vous rappelle les circonstances qui font que nous sommes ici."

Et sans lui donner l'occasion de répondre "non" ou quelque chose d'équivalent, elle enchaina:
-"Il y a un peu plus de neuf ans, un mystérieux objet est apparu en plein Océan Pacifique, objet connu à présent de tous sous le nom d'<ile floue>. Cet objet, en effet, semble être une énorme masse rocheuse posée sur le fond de l'océan, qui affleure à la surface, telle une ile. <Floue>, car elle est rebelle à toute analyse: tous les satellites de télédétection qui ont jusqu'ici été utilisés ont mystérieusement disparu, et les équipes d'exploration sont toutes revenues bredouilles, empéchées qu'elles étaient de pénétrer à l'intérieur des terres. Seul un drône, gràce à un stratagème mis au point par feu le général Hermann, a pu ramener un message -images et son- des habitants de cette ile: <Ne tentez pas de pénétrer à l'intérieur, sous peine d'une catastrophe, etc>."

Angeline marqua une pause, attendant que le regard de B. Terranova retrouve sa clarté -elle avait <vécu> ces évènements, à l'époque -, puis continua:
-" Ce message jeta un trouble indescriptible dans les relations internationales, certaines nations accusant l'Alliance des Etats du Nord de l'avoir délibérément fabriqué, pour éloigner les autres de l'ile... Mais, finalement, tous finirent par s'apercevoir que le document était authentique: L'Humanité venait de recevoir un message venu d'Ailleurs! Et là, en moins d'un an, l'incroyable se produisit: les ennemis d'Hier se serrèrent la main, et les diverses nations du Monde, incluant les deux superpuissances A.E.N. et U.D.P.S., se réunirent autour de la même table: le Conseil de la Terre Unie était né!"

"Conseil dont tu es l'enquiquineuse annuelle!", pensa tout bas L'ingénieur Nol, avant de poursuivre:
-"En même temps, eurent simultanément lieu la création du Centre Mondial de Recherche, dont nous dépendons, et les premières tentatives pour briser la résistance de l'ile à nos investigations."

Ca, c'était le couplet patriotique dont il était de bon ton d'émailler les discours à l'intention des dirigeants. Ces crétins, loin d'envisager qu'une catastrophe puisse effectivement avoir lieu si l'on arrivait à pénétrer à l'intérieur de l'ile, avait décrété que tous les moyens seraient dorénavant bons, y compris et surtout la manière forte: il fallait bien donner une distraction au peuple! Ces imbéciles, au mépris de toute prudence, bombardèrent de mille et une façons l'ile floue... Heureusement, sans aucun résultat: les gardiens des lieux étant apparemment en mesure de contrecarrer chaque attaque... Même lors du bombardement nucleaire, rien ne se passa!

Elle reprit son discours:
-"Finalement, le Centre Mondial de Recherche fut chargé de concevoir une arme imparable, et pour cela on nous accorda le plus formidable budget de tous les temps! Aujourd'hui, sa mise au point est terminée, et vous allez assister à une petite séance de demonstration."

Le véhicule de liaison se posa tout près d'un groupe isolé de modules d'observation, construits à la hâte pour permettre aux techniciens et à la representante du Conseil d'assister au spectacle. Les deux passagères en sortirent, pour rejoindre la petite équipe qui n'attendait plus qu'elles.

***

-"Sauf-conduit, bitte!", lacha le garde d'un air méprisant au petit groupe de voyageurs qui arrivaient vers le point de contrôle.
-"M'en voudrez point, vot'seigneurie, j'avons point d'laissez-passer, bordldbleu!", répondit d'un ton narquois celui qui marchait en tête. Le petit groupe était composé de quatre mendiants encapuchonnés dans des manteaux d'une saleté repoussante, embaumant ce point d'entrée dans Eurar de l'odeur d'un bon mois de voyage à pied, sans passer par une douche, ni même par une fontaine ou une rivière...

Cela n'empéchait pas que le garde en faction devait prendre sur lui pour vérifier les papiers d'autorisation de ces loqueteux, afin de les autoriser -ou non- à entrer dans la ville. Malgré la présence de trois de ses collègues dans la maisonnette située immédiatement à sa gauche, susceptibles d'intervenir immédiatement en cas de pépin, la sentinelle ne se sentait pas du tout rassurée: ces quatre-là avaient quelque chose de pas normal...

Qu'est-ce qui pouvait bien clocher chez eux? Leur démarche, trop assurée pour des miséreux en marche depuis des jours? Leur stature, trop robuste pour des pauvres hères sans nourriture? Non. Ce qui lui faisait froid dans le dos, c'était qu'il ne pouvait pas voir leurs visages, enfouis au fond de sordides capuches; c'était aussi leurs yeux... Ceux de trois d'entre eux brillaient comme des braises écarlates, et ceux de celui qui avait répondu avec tant d'irrespect luisaient d'un bleu implacable, entaché de rouge sanglant...
-"Jawohl! Pas d'ausweiss? Bah! Retournez-vous-en à votre origine !", dit-il d'un ton agressif. C'était clair: pas de visa d'entrée, pas d'entrée; voilà ce qu'avait ajouté le garde dans son argot des bas quartiers, d'où il était originaire.

Il eut un mouvement de recul et sentit une bouffée fétide de son récent petit déjeuner lui remonter dans la gorge quand il vit que, loin de commencer à repartir, le groupe misérable reprenait sa marche, et que le chef de ces crève-la-faim s'approchait de lui jusqu'à presque le toucher.

Usant encore de son langage paysan et irrévérencieux à souhait, celui-ci lança de son haleine fumigatrice:
-"Vot'excellence, j'avons point l'envie d'aller à la ville... C'est qu'mes compères et moi-même, et ben... On veut s'faire un bordldbleu d'garde!"

Le garde n'eut pas vraiment le temps de comprendre ce qui lui arrivait: son fusil fut soudainement arraché de ses mains par une poigne puissante et lui-même reçut une claque monumentale qui l'envoya valser à une bonne dizaine de mètres.

Immédiatement alertés, ses trois collègues se ruèrent hors de leur abri de fonction, pour se retrouver nez à nez avec les trois "compères". L'un d'eux épaula son arme, mais au moment de tirer, celle-ci lui éclata à la figure, transformée en nuage de poussière. Hébété, les deux autres ne surent jamais comment leurs fusils leurs avaient été dérobés. Les quatre gardes se retrouvèrent à terre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
-"Et ben, quoa? V'la-t'y pas qu'nos ozios s'sont faits descendre comme galis encore en langes? Bordldbleu! Debout, là d'dans! Bagarre à poings!", railla le chef des agresseurs, tout en commençant à dégrafer son manteau.

Quatre gardiens furieux et à moitié assommés se relevèrent avec peine, pendant que quatre capes poussiéreuses tombaient à terre. Figés d'horreur, les Eurariens se trouvèrent face à quatre guerriers éclatants de force physique et de désir de combat: trois démons à la peau grise et aux yeux rouges, et un homme à tête de chat et au regard bleu.

Sans transition, un combat à mains nues s'engagea. Combat fort inégal, car les gardes n'étaient pas de taille et manquaient singulièrement de combativité, au contraire des arrivants, d'une force surnaturelle et apparemment invulnérables, qui semblaient agir par pur sadisme.

Bien plus tard, dans un état de semi-inconscience, le premier garde sentit que les coups s'arrêtaient de pleuvoir et qu'un bras puissant le redressait pour le porter jusque dans la guérite. Là, il fut mis sur une chaise en position assise et tourna de l'oeil...

Quand il reprit connaissance, la première chose qui lui vint à l'esprit fut une sensation de douleur n'épargnant aucune partie de son corps. Tentant de soulever ses paupières gonflées, il entrevit quelqu'un assis à côté de lui, en train d'activer le systême de communication avec le Centre Policier. Surpris, il écarquilla les yeux, ce qui lui arracha un cri étouffé de douleur, ce qui eut le double effet de réveiller une atroce sensation de brûlure dans sa gorge et de faire se retourner vers lui l'autre personne.

Le choc qu'il éprouva en reconnaissant la face féline de son agresseur effaça ses douleurs, et lui évita de peu de retomber dans l'inconscience. Il tenta d'articuler une interrogation, qui ne franchit pas ses lèvres. Sans le moindre accent exotique, l'autre lui ordonna, d'une voix moqueuse:
-"Et bien puisque te voilà remis de tes blessures, tu vas pouvoir annoncer toi-même à tes supérieurs que ton point de contrôle a été pris d'assaut hier! N'oublie pas de préciser que les attaquants étaient supérieurs en nombre et que tes trois collègues sont morts! Voici le microphone..."

Le gardien survivant fit ce qui lui était ordonné, et lorsqu'il se retourna vers l'homme-chat, ce qu'il vit le stupéfia.
-"Surpris? Apparemment, tu me reconnais, à présent que tu me vois sous mon apparence habituelle... A bientôt, j'espère; ce fut un plaisir!"

Le petit être si reconnaissable, au crâne disproportionné et aux mains à six doigts, paru se fondre dans l'air et disparu. Le garde, vétéran de la guerre, tomba à terre, mort de peur.

A suivre...