Le feu |
Il venait des régions éternellement glacées du Nuage d'Oort, le grand reservoir de comètes qui représentait les limites du Système Solaire. Ce n'était pas une comète ordinaire... Ses dimensions, plusieurs centaines de kilomètres environ, en faisaient une comète de belle taille, qui fonçait droit sur le Soleil, pour la première fois depuis l'apparition de celui-ci. A présent, il venait de passer l'orbite de Mars, et entrait de plain pied dans le Système Solaire interne. Vu de la Terre, cet astre chevelu était le plus spectaculaire des phénomènes célestes jamais observés, et ce à plus d'un titre. Entre autres parce que que son passage était attendu depuis des décennies, et sa trajectoire parfaitement prévue. Mais aussi parce qu'il ne repasserait plus jamais, sa trajectoire, hyperbolique, devant l'amener à frôler brièvement l'astre du jour, lui fournissant au passage une accélération fantastique, pour le lancer vers les étoiles. Vers une destination calculée, prévue, voulue. Cette énorme masse de glaces et de roches, dont une petite partie avait été utilisée pour décrocher la comète de sa trajectoire millénaire pour lui faire entamer cette course infernale, abritait pas loin de cinquante mille personnes, qui vivaient là, presque toutes depuis leur naissance, quelques-uns les ayant rejoint pour cet évênement extraordinaire. Prométhée s'en allait ! Ce petit peuple était en chemin pour mener ce monde minuscule hors du champ d'attraction de son étoile d'origine. C'était le destin qu'il s'était choisi. Tous étaient volontaires, tous voulaient cette aventure. Tous aspiraient à cet adieu à leur berceau. Peut-être était-ce un dernier vestige de leur loyauté envers l'espèce humaine, mais il avait été convenu de transmettre en direct, au fur et à mesure de leur progression, toutes les données de leurs instruments de mesure, et ce aussi longtemps que la liaison pourrait être maintenue... Des données sans prix, qui étaient relayées vers les laboratoires de la Terre par un kyrielle de sondes spatiales.
-"Vous ètes le seul rescapé de cette tragédie." Ce n'était pas une question, l'officier de police venait simplement de constater les faits, en matière d'introduction à la déposition de Jamickaël Duliard, croupier de son état, suite à ce que la presse ne manquerait pas, dans les heures qui suivraient, de nommer "Le massacre du Casino"... Il ajouta: -"Puisque toutes les caméras de contrôle ont été détruites lors de l'incendie, il va falloir que vous soyez le plus précis possible dans vos déclarations, étant donné que l'enquête se basera en partie sur votre témoignage." -"Bien, monsieur l'officier.", répondit l'autre, avec une froideur difficile à imaginer chez l'unique survivant d'un tel carnage...
-"Cache-toi ! Quelqu'un vient !", chuchota brusquement Xris à Alexia, en plaçant un doigt devant sa bouche pour lui signifier le silence. Lui-même se mit en position de guetteur, pour épier du haut de la colline l'arrivée du nouveau-venu. C'était, au vu de son uniforme, un garde. Et il était trop loin pour avoir remarqué le charnier puant, devant l'entrée de la centrale. Comme il avançait tranquillement, en sifflotant, Xris en déduit qu'il n'était pas au courant de l'agression de l'autre, et devait être là pour la relève. -"Ah !... Intéressant !...", murmura-t-il dans ses dents, "Il a probablement la clé qui désactive le système de défense automatique!..."
En quelques semaines à peine, avalant les millions de kilomètres, l'astéroïde-colonie avait croisé successivement les orbites de la Terre, de Vénus et de Mercure. A présent, bombardé de rayonnement solaire, accélérant sans cesse, guidé par la Mécanique Céleste, mais aussi par des explosions thermonucléaires contrôlées, destinées à compenser les sautes de trajectoire provoquées par des geysers de méthane surchauffé, crevant brutalement sa surface en fusion, il abordait son périhélie. Comme prévu. -"Voilà. Adieu, l'Humanité!", fut tout ce que Thob, descendant des premiers colons martiens, et pilote provisoire du nouveau Monde Libre, trouva à dire, quand il devint clair que la manoeuvre s'était soldée par un plein succès. Un sourire de pur bonheur éclairait son visage blafard de colon de l'espace. Tous les autres pilotes, tous les membres du personnel technique, le peuple entier de Prométhée se joignirent alors spontanément à lui pour crier leur joie, et c'est une immense clameur que les media terrestres restransmirent à ce moment-là...
-"Je vous écoute ; que s'est-il passé ?", demanda l'officier à Jamickaël, tandis que crépitait la machine à écrire, sur le bureau d'à côté. -"Excusez-moi, monsieur l'officier, mais pourquoi transcrire tout ce que nous disons au moyen de cet instrument mécanique si bruyant ?" -"La machine à écrire ? Ah !... C'est une tradition, dans les postes de Police. Je suis le premier à dire que c'est complétement désuet, mais le chef de la Police Municipale a donné pour instruction qu'elle soit respectée religieusement... Bon, revenons-en à la tragédie de cette nuit." -"C'est dingue. Mais bon... Alors, cette nuit, donc, tout a commencé lorsqu'une cliente que je n'avais jamais vue est venue à ma table de roulette..."
Belzeb, avec un soupir, se dit que le trajet était fini, et que son mois à faire le planton devant la Centrale allait commencer, au grand soulagement de Marcus, qu'il venait relever. Tout en laissant ses pas le conduire vers la guérite qui lui servirait de refuge pendant son long tour de garde, il révassait tranquillement en sifflotant les premières mesures d'une rengaine à la mode dans son bon vieux quartier d'Eurar... -"Ah !...", pensa-t-il, "J'aurais dû faire des études, je ne serais pas ici aujourd'hui, à attendre que le temps passe... J'aurais voulu être chercheur, tiens ! Maman m'a toujours dit que j'étais doué pour trouver les mécanismes cachés des choses..." Sans faire attention à rien, il aborda l'endroit où le monstre à mâchoires gisait... L'odeur épouvantable que dégageait la carcasse en décomposition n'éveilla même pas son attention... Au contraire, il rumina en lui-même : "Tiens, et en plus, je commence à avoir un petit creux ! Bah ! Je mangerai un morceau avec Marcus, avant qu'il s'en aille!"... Ce n'est que lorsqu'il buta sur la jambe arrachée de son ex-camarade qu'il commença à émerger de sa réverie. -"Tiens! Une jambe!..." Plus loin, une jambe de pantalon d'uniforme traînait, maculée de sang séché... L'attention de Belzeb commença à s'éveiller... Il s'en approcha, tranquillement... Mais il ne commença à réaliser la situation que lorsqu'il aperçut le corps de son collègue, étendu, dans un état de putréfaction avancé, juste devant la guérite. -"Nandaarô ?", laissa-t-il échapper, dans son patois local. Soudain, ce fut comme une illumination: "Bon sang! Nous sommes attaqués !". Son regard se fit perçant : le bouton d'activation des défenses automatisées de la Centrale ! Il n'était pas enfoncé ! La main de Marcus, détachée du reste de son corps, était clouée à la cloison intérieure de l'abri par une flêche noire, à quelques centimètres à peine du contact ! Laissant immédiatement tomber son paquetage au sol, il s'élança vers le poste de garde, n'ayant qu'une pensée : "Il faut actionner les défenses !" Il fut aussitôt désintégré par le feu croisé de trois faisceaux laser, en provenance des tourelles automatiques de la Centrale.
Alexia se mordit la main pour ne pas hurler d'horreur. Puis, lentement, elle se tourna vers son compagnon dont les pupilles étaient dilatées d'extase... Le regard de Xris était lumineux. Son esprit était le siège d'une activité intense, et sa couleur, à la fois très surprise et soulagée. Il parla : -"Ca y est ! Je crois que j'ai trouvé !"
Jamickaël raconta tout ce qui s'était passé la nuit précédente au Casino, sans omettre ses commentaires personnels sur l'attitude de son ex-directeur... Son récit arriva au moment où l'inconnue avait carrément misé sa main droite sur un coup de roulette gagnant. -"Donc", reprit-il, "Sitôt le coup déclaré gagnant, conformément aux instructions de mon... patron, les deux acolytes de cette diablesse se sont emparés du chariot de billets, et ils y foutu le feu ! Vous rendez-vous compte ? Une somme fabuleuse, partie en fumée ! Nous étions tous tellement choqués de voir ça que certains ont commencé à pêter les plombs !" Le croupier commençait à s'exciter, la sueur perlait sur son visage comme il continuait son récit. -"Croyez-moi si vous voulez, mais cette femme avait repris son bras, et se l'était recollé ! Incroyable ! Alors, je ne sais pas comment, mais il y a eu comme une épidémie de folie chez les clients !..." -"Une épidémie de folie, dites-vous ?", demanda l'officier, tout en faisant un geste discret au garde en faction devant la porte. Jamickaël était trop absorbé par son témoignage pour prêter la moindre attention à ce qui l'entourait. il continua : -"En fait, c'est quand j'ai entendu l'un des gardes du corps de la femme parler... Sa... Sa voix..." Il semblait effrayé rien que d'évoquer ce qu'il avait entendu. Néanmoins, le regard insistant de l'officier de police l'incita à poursuivre. -"Sa voix ! C'était comme un bourdonnement, c'était fort, et ça résonnait dans toute la grande salle du Casino ! Il disait qu'il pouvait les aider !... Et ils sont devenus comme des zombies ! Jamais vu ça ! Hypnotisés, qu'ils étaient ! Il leur a arraché les bras, à tous !" -"Comment ça ? Vous voulez dire que les gens se sont laissé arracher les bras ?" -"Vous ne comprenez pas ? Ils ont tous été hypnotisés ! Tous ! Les clients ! Les employés ! ils les ont tous atrocement mutilés tandis que le feu gagnait le reste du casino ! Et le pire !... Le pire !..." L'officier s'approcha du croupier, comme pour mieux recueillir ses confidences, tout en jetant un regard entendu vers les deux infirmiers qui venaient de se présenter a la porte du bureau d'interrogatoire. Il laissa Jamickaël se reprendre... -"Le pire, monsieur l'officier, c'est quand le visage de cette... cette... femme a commencé à fondre ! Elle s'est ratatinée, sa tête s'est mise à gonfler, et... " Le croupier s'arrêta net, venant de se rendre compte de la présence dans le bureau des deux infirmiers, qui tenaient une camisole de force grande ouverte, et s'approchaient de lui avec le petit sourire sadique de circonstance... Il changea alors brusquement d'expression. Et quand il reprit la parole, ce n'était plus de la même voix. -"Bon, apparemment, vous ne voulez pas me croire... Pourtant, avant de vous quitter, je tiens à vous assurer que tout ce que je vous ai raconté est la pure vérité. A un détail près, toutefois..." Tout en parlant, le croupier s'était levé, et avait marché vers la fenêtre. Quand il se retourna, il n'avait plus du tout la même apparence... Il était devenu soudainement plus petit, sa tête était devenue énorme, ses mains, longues et fines, comptaient six doigts, et sa voix avait achevé sa transformation: -"En fait", termina-t-il avant de disparaître, "il n'y a eu aucun survivant à ce petit massacre".
Tranquillement, Mivi fit son entrée dans la salle du Conseil Municipal, à la grande surprise de tous... personne ne l'attendait pour cette scéance, et il n'avait pas prévenu le coordinateur de son arrivée. Mais qu'importe ! Il était là, et en tant que plus ancien membre du conseil, c'était à lui d'entamer le débat, ce dont il ne se priva pas. Il se dirigea sur la tribune, balaya du regard toute l'assemblée, et attendit calmement que se taise le brouhaha des conversations pour prendre la parole. Il s'adressa alors au conseil: -"Mesdames et messieurs, moi, Mivi, chef de la Police Municipale, ai l'honneur de décréter l'état d'urgence, dès à présent, sur tout le territoire de la Commune d'Eurar. Les forces de police sont désormais en état d'alerte maximale, le couvre-feu est instauré, les rassemblements sont interdits, et ce, jusqu'à la fin de l'alerte !" Durant près d'une seconde et demi, l'assistance ébahie resta comme paralysée, sous le choc... Puis ce fut l'explosion générale. -"Comment osez-vous ? C'est une violation de...", commença un conseiller, avant que sa voix ne soit couverte par les cris outragés de dizaines d'autres conseillers. -"Stop !", fit Mivi d'un ton autoritaire, levant la main brusquement, d'un air énervé. Mais le chaos ne cessait pas. Il s'amplifiait même, et moins d'une minute plus tard, deux ou trois conseillers quittèrent leurs sièges pour se diriger vers la tribune. C'est alors qu'un détachement des Forces Spéciales de Police, probablement convoqué à l'instant par Mivi, fit irruption dans la salle, ce qui catalysa immédiatement les esprits. Le vieillard reprit la parole, plus sec et tranchant que jamais: -"Bon, vous deux, là, en prison ! Les autres, asseyez-vous !" D'autres groupes de policiers s'introduisaient dans la salle par les autres portes, les armes prêtes à faire feu. Les deux conseillers les plus proches de la tribune furent emmenés sans ménagement à l'extérieur. L'un d'eux se débattait avec furie : "Vous n'avez pas le droit ! C'est un abus de pouvoir ! Je suis un représentant du peuple !" Mivi fit de la main le geste de balayer la poussière, en soupirant avec impatience, et le garde le plus proche bâillonna le rebelle de sa main gantée de noir, tout en le poussant vers l'extérieur. -"Bien. D'autres candidats ?", questionna Mivi, s'adressant à l'ensemble des autres conseillers. Evidemment, il n'obtint pas de réponse. Il poursuivit : -"C'est à présent officiel. Les mesures que je suis dans l'obligation de prendre sont dues à une attaque générale d'êtres imaginaires. Déjà, depuis quelques jours, les postes-frontières d'Eurar ont fait l'objet d'agressions, dont les rapports sont, jusqu'à aujourd'hui, demeurés confidentiels... Et puis, vous en avez tous entendu parler par la presse : cette nuit, la plupart des membres de la haute bourgeoisie de notre ville ont été massacrés au Casino de la Chance Verte ; ce qui prouve qu'ils sont partout !" Un souffle de panique sembla traverser la salle... -"Des mesures draconiennes doivent être prises, et ce, jusqu'à la fin de cette crise ! En vertu des pouvoirs spéciaux qui me reviennent dans les situations d'extrême urgence comme celle-ci, je prends le commandement militaire de la ville ! Toute opposition à mon autorité sera considérée comme une trahison et le responsable passé par les armes ! Est-ce clair ?" De derrière la porte par laquelle on avait fait sortir le conseiller vindicatif, parvint le claquement d'une brêve détonation. Mivi, qui avait de moins en moins l'air d'un vieillard, reprit : -"Je suppose que oui, à présent ! Vous ètes tous relevés de vos fonctions, et consignés dans vos appartements jusqu'à nouvel ordre !"
Dans un état second, Ug Andar laissa son doigt accomplir le geste le plus destructeur de toute l'histoire de l'Humanité : appuyer sur un bouton. Il vit en imagination les deux autres officiers supérieurs, chacun dans son usine flottante, accomplir le même geste que lui... Il vit aussi... L'île, isolée au beau milieu de nulle part, dans l'Océan Pacifique, cernée par trois supertransporteurs, distants de plusieurs centaines de kilomètres, prêts à lancer dans sa direction un chapelet continu de missiles, produits au fur et à mesure de l'opération, en raison de l'extrême danger de la monstruosité qu'ils transportaient... -"Ils n'en réchapperont pas", se dit-il, "personne ne peut arrêter ça. Personne."
-"Cette fois-ci, ce ne sont pas de simples projectiles à tête nucléaire, qu'ils envoient contre nous!", annonça Kagami, comme si, à part son pseudo-enfant Silvio, quelqu'un pouvait entendre, "Il ne s'agit même pas d'un dispositif explosif... C'est sans équivalent dans leur histoire..." -"Qu'est-ce que c'est, maman ?", lui demanda Silvio, un peu inquiet. -"Ce n'est pas un explosif, au sens où il serait mis à feu par un dispositif approprié. Pour leurs missiles, précédemment, il m'avait suffit de réduire provisoirement la vitesse de la lumière, suffisamment pour éviter la réaction en chaîne dans la charge atomique, puis de tranquillement désamorcer le tout, mais là..." -"Quel est le problème ? Puisque tu peux agir sur les constantes fondamentales de la physique ?" -"Le problème, justement, est que je ne peux pas modifier les lois de la nature pendant très longtemps : à chaque fois, cela crée des perturbations dont les conséquences seraient imprévisibles, si on ne les contrôlait pas très étroitement ; et je suis seule pour assurer ce contrôle..." Les sens aigus de Kagami lui permettaient de détecter à plusieurs centaines de kilomètres de distance ces engins de destruction, dont le nombre ne cessait de croître, qui convergeaient sur l'île, à toute vitesse. Il convenait d'agir vite pour les neutraliser. -"Que sont ces engins, si ce ne sont pas des explosifs ?". Silvio commençait à avoir peur. -"Mes capteurs m'indiquent que la tête des missiles abrite de la matière chargée électriquement, enfermée dans un champ électrique très intense, alimenté par un générateur de courte durée... Tout cela semble bien inoffensif, cependant..." Elle se tut un court instant, le temps de compléter son analyse. -"Cependant, des fuites infimes ont lieu, donnant lieu localement à des bouffées intenses de rayons gammas !" -"Pourquoi ? Comment de la matière normale, chargée ou non électriquement, pourrait-elle donner lieu à un tel phénomène ?" Il semblait bien que les facultés d'analyses de Silvio se fussent notablement accrues durant la période de quelques années qui avait suivi son arrivée sur l'île... En fait, il se trouvait que ce Silvio était la réincarnation du premier Silvio, drône détruit après usage, rappelé à l'existence par Kagami, la gardienne solitaire des plages de l'île. Kagami avait reconstitué ce garçon à partir de ses souvenirs, et l'avait doté de structures mentales proches des siennes propres... C'est pourquoi, bien souvent, le dialogue entre les deux évoquait plus un monologue qu'une réelle discussion... -"Ce n'est pas de la matière normale, mais elle en a l'apparence", continua la mère, "Cette matière est isolée de l'extérieur, mais le champ qui assure cette fonction est en passe de disparaître, faute d'énergie pour alimenter le générateur. De plus, de faibles fuites, inévitables, donnent lieu, lorsque cette matière rentre en contact avec les molécules de l'air ambiant, à un dégagement d'énergie très intense, sous forme de rayons gammas." Un court instant, durant lequel elle reprit sa respiration, puis : -"C'est un phénomène qui caractérise l'anihilation mutuelle matière-antimatière." La conclusion s'imposait d'elle-même : -"Ces missiles transportent de l'antimatière, et sont destinés à rentrer en contact avec l'île, provoquant leur anihilation mutuelle." Silvio ouvrit grand ses yeux, soudain paniqué : -"Que faire ? Nous ne pouvons pas faire tomber ces engins de mort dans la mer, comme les autres ! Ils donneraient tout de même lieu à des explosions gigantesques !" -"Du calme ! il nous reste quinze minutes avant l'impact du premier missile ! Nous avons tout notre temps pour trouver une solution !"
Au bout de longues minutes angoissantes de réflexion, Kagami releva la tête, et parla d'une voix forte et décidée, sans s'adresser à Silvio, comme elle le faisait à chaque fois qu'elle invoquait ses créateurs : -"Je demande l'établissement d'une sphére de gel temporel, ainsi que d'annulation des constantes c et h, autour de l'île !" Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ? Puis, s'adressant à Silvio, ayant anticipé son inévitable question : -"La réponse ne va pas tarder. J'espère qu'on nous l'accordera, car ainsi, sitôt que les missiles arriveront sur la sphère, pour eux, le temps ne s'écoulera plus, ce qui résoudra le problème de l'épuisement de l'énergie de leur générateur de champ... Quand à l'annulation de ces deux constantes, c'est pour nous débarrasser à la fois de leur énergie de masse, et de l'incertitude sur leurs coordonnées. On ne pourra alors plus les considérer comme des objets physiques. Nous pourrons alors tout bêtement les faire disparaître !" Mais elle ajouta, sans trop d'illusions: -"Etablir une zone de non-respect des lois de la nature, sur une telle étendue, spatiale et temporelle, cela risque d'avoir des conséquences incalculables sur cette partie de l'Univers..." Mais déja, à l'horizon, un point brillant venait de faire son apparition : le premier projectile arrivait en vue de l'île... |