Voici ici la triste histoire
D'une lettre à la fleur de l'àge
Qui était tombée d'un écritoire
Et qu'on amputa d'un jambage
La lettre M un soir d'été
Faisait des heures supplémentaires
Quand elle glissa sur un paté
Se retrouvant le cul par terre
Voici ici la triste histoire
D'une lettre à la fleur de l'àge
Qui était tombée d'un écritoire
Et qu'on amputa d'un jambage
Il se cassa, c'est bien dommage,
Le plus joli de ses trois pieds
En loupant son atterrissage
Et le voilà tout estropié
Il révait d'être majuscule
Avant que sa jambe il ne perd
Travaillant jusqu'au crépuscule
Et jamais devant le mot 'merde'
Voici ici la triste histoire
D'une lettre à la fleur de l'àge
Qui était tombée d'un écritoire
Et qu'on amputa d'un jambage
Il n'eut jamais sa promotion
Une fois sorti de l'hospice
Il reçut une maigre pension
Pour ses bons et loyaux services
Depuis ce jour fatal il boit
Il fait du diabète et de l'asthme
Pour arrondir ses fins de mois
Il bosse dans un pléonasme
Voici ici la triste histoire
D'une lettre à la fleur de l'àge
Qui était tombée d'un écritoire
Et qu'on amputa d'un jambage
Ce pauvre M qui était tombé
Glissant sur une tache d'encre
Finit sa vie devant un B
Dans la dictée d'un affreux cancre
C'était ici la triste histoire
D'une lettre à la fleur de l'àge
Qui était tombée d'un écritoire
Et qu'on amputa d'un jambage
C'était ici la triste histoire
D'une lettre à la fleur de l'àge
Qui était tombée d'un écritoire
Et qu'on amputa d'un jambage
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