Pour la défense de Bruno Gollnisch
Bruno Gollnisch est professeur de droit international et de langue et civilisation japonaises à l’Université Lyon III. Ses déclarations du 11 octobre 2004 sur les chambres à gaz lui valent d’être suspendu de ses cours pour un mois à compter du 29 octobre et, ce 19 novembre, il passera en jugement devant une section disciplinaire présidée par le professeur Luc Saïdj.
Bruno Gollnisch préconise depuis toujours la liberté de recherche en matière d’histoire
B. Gollnisch n’a pourtant commis aucun crime ni aucun délit. Il n’a porté aucune atteinte aux obligations de l’enseignant ou du chercheur. Il a simplement, une fois de plus, exprimé sa constante hostilité à la loi Gayssot (13 juillet 1990), qui réprime le révisionnisme. Pressé par des journalistes de donner son sentiment sur ce que, dès 1968, l’historienne Olga Wormser-Migot appelait déjà « le problème des chambres à gaz » (la formule est à méditer), il a réitéré son opposition à une loi qui entrave la liberté de recherche en la matière. Il aurait déclaré : « Il n’y a plus un historien sérieux qui adhère intégralement aux conclusions du procès de Nuremberg » et il aurait ajouté : « Je ne remets pas en cause l’existence des camps de concentration mais, sur le nombre de morts, les historiens pourraient en discuter. Quant à l’existence des chambres à gaz, il appartient aux historiens de se déterminer » (Christophe Forcari, Libération, 12 octobre). Pas un universitaire, pas un chercheur digne de ce nom ne peuvent, en effet, tenir pour vérités historiques définitives les affirmations d’un tribunal militaire où, de surcroît, des vainqueurs jugeaient des vaincus. La loi qui porte le nom du député communiste Gayssot nous y contraint pourtant et, en conséquence, elle a suscité dans les milieux intellectuels les plus vives protestations. Le fait qu’une loi existe ne nous prive pas du droit et, parfois, du devoir, d’en demander la révision ou la suppression. En la circonstance, l’honneur d’un esprit libre est d’exiger l’abrogation d’une loi de caractère stalinien.
Rien de nouveau dans sa déclaration sur la loi Gayssot
La preuve que B. Gollnisch a toujours tenu, sans provoquer de scandale, les propos que certains aujourd’hui dénoncent à grands cris, on la trouve dans le rapport que l’historien Henry Rousso a rédigé, à la demande de Jack Lang, sur le racisme et le négationnisme à l’Université Lyon III. Daté de septembre 2004, ce rapport vient d’être publié aux éditions Fayard ; il porte pour titre Le Dossier Lyon III. Dans ce rapport, où abondent les condamnations morales, pas une fois on ne fait grief à B. Gollnisch de la position qui a toujours été la sienne sur la loi Gayssot. H. Rousso écrit par exemple : « En outre, [B. Gollnisch] a toujours pris position publiquement pour défendre ses collègues attaqués, en particulier Bernard Notin, déclarant de manière constante son hostilité à la loi Gayssot réprimant le négationnisme » (p. 87). Plus loin, H. Rousso ajoute : « Tout en ne partageant pas les avis exprimés dans l’article de Bernard Notin [B. Gollnisch] “revendique le droit au doute dans ce domaine [des chambres à gaz] comme sur tous les points d’histoire” » (p. 153). Encore plus loin, H. Rousso précise que B. Gollnisch « dénonce […] une sanction prise [contre Bernard Notin] après des “pressions insensées” et dans le contexte de “la loi socialiste Marchais Gayssot” » (p. 163). Bien que d’habitude il note les réactions suscitées par des propos révisionnistes, H. Rousso ne mentionne aucune levée de boucliers contre B. Gollnisch au moment de ses déclarations passées. Pourquoi, d’ailleurs, y aurait-il eu de telles levées de boucliers ? A ces époques, nombre de juristes, d’universitaires et d’hommes politiques dénonçaient publiquement une loi qu’ils qualifiaient parfois de « scélérate ». B. Gollnisch se fondait donc dans la masse des personnalités qui se proclamaient hostiles à la loi Gayssot. En somme, le 11 octobre 2004, il n’a fait que réaffirmer une position, relativement banale, qu’on lui connaissait depuis quatorze ans. Pourquoi donc, aujourd’hui, cette soudaine et violente réaction à de tels propos ?
Rien que de banal et d’exact dans sa déclaration sur « l’intérêt de l’Etat d’Israël »
Faudrait-il comprendre que d’autres propos, censément formulés le même jour, seraient plus condamnables ? B. Gollnisch aurait ajouté : « Il y a des intérêts considérables à nier ce débat. C’est l’intérêt de l’Etat d’Israël dans les discussions sur les réparations qui sont sans fin. » Mais, là encore, comment s’insurger contre un pareil jugement ? Nahum Goldmann, président du Congrès juif mondial, est connu pour avoir tenu des propos identiques dans un livre qui montre le lien entre le tribunal de Nuremberg et les « réparations » allemandes. En 1976, il déclarait :
Ces réparations constituent une innovation extraordinaire en matière de droit international. […] Pendant la guerre, le Congrès juif mondial avait créé à New York un Institut des affaires juives dont le siège est aujourd’hui à Londres. Les directeurs étaient deux grands juristes juifs lituaniens, Jacob et Nehemiah Robinson. Grâce à eux, l’Institut élabora deux idées complètement révolutionnaires : le tribunal de Nuremberg et les réparations allemandes. […] Sans les réparations allemandes, qui ont commencé à intervenir au cours des dix premières années d’existence de l’Etat, Israël n’aurait pas la moitié de son infrastructure actuelle [1976] : tous les trains en Israël sont allemands, les bateaux sont allemands, ainsi que l’électricité, une grande part de l’industrie … sans même parler des pensions individuelles versées aux [500 000] survivants [résidant en Israël]. […] Certaines années, les sommes d’argent qu’Israël recevait de l’Allemagne dépassaient le montant des collectes du judaïsme international – les multipliant parfois par deux ou trois. […] En vérité, l’Allemagne a versé à ce jour [en 1976] soixante milliards de marks et le total lui reviendra à quatre-vingts milliards – soit de douze à quatorze fois plus que ce que nous avions calculé à l’époque … On ne saurait donc reprocher aux Allemands d’avoir été mesquins et de n’avoir pas tenu leurs promesses (Le Paradoxe juif, Conversations en français avec Léon Abramowicz, Stock, 1976, p. 148, 152, 156).
Dans le même livre, on voit N. Goldmann obtenir du chancelier Adenauer que l’Allemagne achète aux compagnies britanniques établies au Koweït et en Arabie Séoudite le pétrole nécessaire à Israël : « Achetez-le-leur et donnez-le-nous. Pour notre pays, c’est une question de vie ou de mort. – Il accepta » (p. 161). Ses successeurs ont dépassé N. Goldmann de cent coudées. Après 1976, le flot d’argent versé par Berlin, par les Länder, par des associations ou organisations allemandes n’a fait que grossir. Ces derniers mois – mais il ne s’agit là que d’un détail – les chantiers navals allemands ont livré gratuitement à Israël trois sous-marins ultra-modernes et conçus pour recevoir un armement nucléaire. L’Autriche, les pays européens, les nations candidates à l’entrée dans la communauté européenne, les Etats-Unis et bien d’autres pays dits « du monde occidental » versent également des sommes considérables soit à l’Etat d’Israël, soit à la Diaspora juive à travers le monde, et tout cela en honneur et en mémoire de l’Holocauste. Même la Suisse a dû payer grassement. Les monuments et les musées de l’Holocauste, les films de fiction autour de l’Holocauste, les pèlerinages à pleins charters vers Auschwitz ou vers d’autres camps se multiplient. Ecoles, lycées et universités sont mobilisés. Sur toute la surface du globe on se met au service de l’Holocauste. Y compris à Dresde ou au Japon, à New Delhi, à Nankin ou à Pékin, la Shoah fait aujourd’hui, du côté des autorités, l’objet d’attentions particulières. En plein cœur de Berlin s’achève en ce moment un troisième lieu de mémoire juive avec un mémorial de l’Holocauste orné de 2 752 stèles de béton. Des Juifs en sont venus à exprimer leur préoccupation ou leur désapprobation devant ce qu’ils ont eux-mêmes appelé « le Shoah Business » ou « l’Industrie de l’Holocauste ». Viennent ici à l’esprit les noms de Peter Novick, de Norman Finkelstein, de Raul Hilberg et même, malgré un repentir tardif, de Pierre Vidal-Naquet. Pour un bref aperçu de la question, on se reportera au « Grand entretien de L’Histoire avec Annette Wieviorka » : « Enquête sur une polémique : la [sic] “Shoah business” » (mai 2001, p. 75-81). L’un des aspects les plus déplaisants de cette recherche de l’argent au bénéfice de sa seule communauté s’est révélé avec l’épisode, en France, des pensions spéciales réclamées pour les descendants, parfois lointains, des victimes juives de la guerre. Lorsque des descendants de victimes non juives ont manifesté à Paris, devant les grilles du Conseil d’Etat, pour demander à bénéficier des mêmes pensions, des Juifs mobilisés par leurs organisations s’en sont pris aux manifestants car, pour ces Juifs, la souffrance des Juifs ne saurait se comparer à nulle autre.
L’Holocauste est l’épée et le bouclier à la fois de l’Etat d’Israël et du sionisme à travers le monde ; et il vaut pour eux tous les trésors d’Arabie.
Sur Henry Rousso, il ne se permet aucune remarque inexacte ou impertinente
Enfin, B. Gollnisch aurait dit d’H. Rousso qu’il était un « historien engagé » et il aurait ajouté : « C’est une personnalité juive, une personnalité estimable, mais sa neutralité n’est pas assurée [ou, selon d’autres sources, “pas engagée”]. » Qu’y a-t-il là d’inexact ou d’impertinent ? H. Rousso a toujours manifesté son ardeur combative contre le révisionnisme et contre ce qu’il tient pour « des écrits extravagants, moralement inacceptables et pseudo-scientifiques » (4e de couverture de son rapport imprimé). Il est juge et partie et ne s’en cache pas. Quant à parler de « personnalité juive », B. Gollnisch apporte là une précision qui serait peut-être incongrue dans d’autres contextes mais qui, ici même, dans le contexte de la Shoah, n’a rien de déplacé ou de tendancieux. Une précision de nature identique s’imposerait si, dans une controverse religieuse, politique, historique ou scientifique, les tenants d’une thèse devaient être jugés par une personnalité appartenant de près ou de loin à une communauté qui, d’une seule voix, condamne d’avance cette thèse. De toute façon, en pareille matière, la règle et l’usage veulent qu’on signale l’origine juive de l’intéressé. C’est d’ailleurs ce que fait H. Rousso lui-même lorsqu’il parle d’auteurs qui sont juifs, ne fût-ce que partiellement. Par exemple, il lui arrive d’écrire : « En 1966, un jeune écrivain d’origine juive, Jean-François Steiner, publie … » (Le Syndrome de Vichy, Seuil, 1987, p. 177).
Pourquoi B. Gollnisch ne demanderait-il pas un débat quand les historiens de la Shoah révisent eux-mêmes sévèrement les conclusions de Nuremberg ?
Revenons ici aux historiens accrédités de la Shoah. Depuis 1945-1946, ils ont procédé à de substantielles révisions de la thèse défendue par les juges de Nuremberg.
H. Rousso, qui a publié en 1994, en collaboration avec son ami Eric Conan, Vichy, un passé qui ne passe pas, s’est abstenu d’élever une protestation publique quand, l’année suivante, E. Conan a procédé à une significative révision de l’histoire officielle d’Auschwitz. Dans une étude intitulée « Auschwitz : la mémoire du mal » (comprenez que « la mémoire » n’est pas « l’histoire »), il écrit au sujet de la « chambre à gaz », visitée chaque année par 500 000 touristes : « Tout y est faux […]. A la fin des années 70, Robert Faurisson exploita d’autant mieux ces falsifications que les responsables du musée [d’Auschwitz] rechignaient alors à les reconnaître » (L’Express, 19-25 janvier 1995, p. 68). E. Conan ajoutait que la directrice du musée, ne se résolvant pas à dire la vérité aux touristes sur « le travestissement », lui avait déclaré à propos de cette fausse chambre à gaz : « Pour l’instant, on la laisse en l’état et on ne précise rien au visiteur. C’est trop compliqué. On verra plus tard. » (Ce qui revient à dire : on a menti, on ment et, jusqu’à nouvel ordre, on continuera de mentir.)
Il s’est produit d’autres révisions touchant de prétendues chambres à gaz situées en bien d’autres camps, notamment à Dachau. Après tout, la seule « chambre à gaz » montrée dans le film projeté devant le tribunal de Nuremberg et certifiée avoir fonctionné n’a en fait jamais gazé personne comme ont fini par l’admettre, à partir de 1960, aussi bien les historiens à la Martin Broszat que les autorités du musée de Dachau qui, elles, ont eu l’honnêteté d’en prévenir les visiteurs par une inscription rédigée en cinq langues.
Simone Veil, Claude Lanzmann, Elie Wiesel et quelques autres auteurs admettent aujourd’hui qu’on ne trouve nulle trace de chambres à gaz. Ils notent qu’aucun document n’atteste de l’existence ou du fonctionnement de ces prodigieuses « armes de destruction massive » attribuées à Adolf Hitler. Certes, ces personnalités disent croire aux chambres à gaz, mais elles reconnaissent l’absence de toute preuve de leur existence alors qu’autrefois un Georges Wellers, par exemple, parlait d’une « abondance de preuves ».
Professeur à Princeton et ami de P. Vidal-Naquet, qui a préfacé la traduction de son livre en français, Arno Mayer écrit en 1988 : « Les sources pour l’étude des chambres à gaz sont à la fois rares et sujettes à caution [unreliable] » (The « Final Solution » in History, New York, Pantheon Books, p. 362).
En 1989, Jean-Claude Pressac, dans un premier gros ouvrage en anglais, Auschwitz : Technique and Operation of the Gas Chambers, a prétendu avoir découvert des « commencements de preuves » de l’existence de chambres à gaz à Auschwitz ; ses travaux de recherche et la publication de son ouvrage avaient été financés par la Beate Klarsfeld Foundation. Il a ensuite publié, en 1993, aux éditions du CNRS, dans une collection dirigée par Denis Peschanski, un livre sur Les Crématoires d’Auschwitz, la Machinerie du meurtre de masse ; le succès de cet ouvrage, traduit en plusieurs langues, a été considérable. Or soudain, en 1995, J.-C. Pressac a jeté l’éponge et, reprenant le mot du professeur Michel de Boüard, a déclaré que le dossier tout entier de l’histoire de la déportation était « pourri » par trop de mensonges et d’approximations ! M. de Boüard, ancien déporté à Mauthausen, doyen de la Faculté des lettres de l’Université de Caen et responsable, au sein du Comité d’histoire de la deuxième guerre mondiale, de l’histoire de la déportation, n’avait pas caché son inquiétude devant la prolifération, depuis 1945, des erreurs et des faux. Pendant cinq ans, la révision déchirante de J.-C. Pressac nous a été cachée pour nous être finalement révélée en mars 2000 dans le livre de Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France (Seuil, p. 651-652).
En 1992, Yehuda Bauer a dénoncé « la sotte histoire de Wannsee » (the silly story of Wannsee) (The Canadian Jewish News, 20 janvier 1992).
En 1996, l’historien Jacques Baynac, d’abord si virulent contre les révisionnistes, a fini par admettre qu’on n’avait découvert aucune preuve de l’existence des chambres à gaz, tout en ajoutant qu’il croyait en leur existence (Le Nouveau Quotidien de Lausanne, 2, puis 3 septembre 1996).
D’autres historiens accrédités ont lancé des cris d’alarme répétés contre les faux témoignages, les documents à interprétation suspecte, les confessions obtenues par le chantage ou la torture, les documentaires-documenteurs, les expositions photographiques fallacieuses et la fabrication en série de films de fiction inspirés par l’Holocauste. Au tribunal de Nuremberg, aucune preuve, aucun rapport d’expertise ne sont venus étayer la thèse de l’existence de chambres à gaz autres que de désinfection.
Jamais on n’a su répondre à ceux qui signalaient les impossibilités physiques et chimiques du gazage de foules humaines. On s’est longtemps contenté de la retentissante confession, à Nuremberg, de Rudolf Höss, l’un des trois commandants successifs d’Auschwitz, jusqu’au jour où, en 1983, le principal de ses tortionnaires a narré dans quelles conditions des Juifs de la Sécurité militaire britannique lui avaient extorqué cette confession (Rupert Butler, Legions of Death, Londres, Hamlyn, 1983, page de remerciements et p. 234-238). Dix ans plus tard, l’historien américain Christopher Browning, antirévisionniste convaincu, a rendu les armes sur ce point : interrogé par le journaliste anglais Christopher Hitchens sur le témoignage de Rudolf Höss, il a répondu : « Höss a toujours été un témoin très faible et confus » (« Whose History is it ? », Vanity Fair, décembre 1993).
Raul Hilberg est allé infiniment plus loin que Bruno Gollnisch
Raul Hilberg est allé infiniment plus loin que B. Gollnisch dans sa propre révision des données de Nuremberg. Dès 1983, le plus prestigieux des historiens de l’ « Holocauste » a, en effet, opéré un stupéfiant virage. En 1961, dans son ouvrage de référence, The Destruction of the European Jews, il avait défendu la thèse, encore actuellement en faveur dans le grand public, selon laquelle Hitler avait donné des ordres pour tuer les Juifs, avait dressé un plan d’extermination, avait multiplié les instructions en ce sens et avait fait construire des chambres à gaz et des camions à gaz pour accélérer l’élimination physique des Juifs. Or, en 1983, soit vingt-deux ans plus tard, R. Hilberg a soudain abandonné cette explication. A New York, devant 1 100 auditeurs de l’Avery Fischer Hall, il a annoncé que, tout bien réfléchi, l’œuvre de destruction des Juifs d’Europe avait été conduite sans plan, sans organisation, sans agence centralisatrice, sans projet, sans budget mais spontanément, étape par étape, au sein de la vaste bureaucratie allemande, et cela grâce à « une incroyable rencontre des esprits, une transmission de pensée consensuelle » (an incredible meeting of minds, a consensus mind reading by a far-flung bureaucracy) (George DeWan, « The Holocaust in Perspective », Newsday, 23 février 1983). Interrogé sur ces propos au premier procès Zündel à Toronto, R. Hilberg les a confirmés sous serment, le 16 janvier 1985, ainsi qu’en atteste la transcription officielle des débats (p. 846-848). Autrement dit, le premier des historiens de l’Holocauste ne craint pas de soutenir qu’une vaste entreprise criminelle dotée d’« usines de mort » a été conduite, sinon par l’opération du Saint-Esprit, du moins selon un processus télépathique. De cette « rencontre des esprits », il nous dit bien qu’elle est « incroyable ». Alors, pourquoi B. Gollnisch devrait-il y croire ? Comment croire en l’histoire d’un massacre ainsi expliqué par le plus prestigieux de ses historiens ? En 1985, dans l’édition « révisée et définitive » de son ouvrage, R. Hilberg écrira : « En dernière analyse, la destruction des Juifs ne fut pas tant accomplie par l’exécution des lois et des ordres que par suite d’un état d’esprit, d’une compréhension tacite, d’une consonance et d’une synchronisation » (version française parue sous le titre de La Destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 53 ; voir également p. 51, 60). Nous ne sommes plus là dans les réalités de l’histoire mais dans les fumées de la spéculation psychologique.
Une preuve, une seule preuve ? Un témoin, un seul témoin ?
Le résultat est là : tandis qu’il existe une abondance de faits et de documents prouvant qu’Hitler voulait expulser les Juifs d’Europe dans le cadre d’ « une solution finale territoriale » (territoriale Endlösung), et qu’il prévoyait pour les expulsés un « renouveau » (neuer Aufbau) hors d’Europe mais ailleurs qu’en Palestine, il n’existe pas une seule preuve de ce qu’il ait voulu exterminer les Juifs. Il est prouvé que ses cours martiales pouvaient, jusqu’en Russie occupée, condamner à mort l’assassin ne fût-ce que d’un Juif ou d’une Juive. Comme on le sait, ni pendant la guerre, ni surtout après la guerre, dans leurs mémoires, par exemple, ou dans leurs déclarations publiques, les hauts responsables alliés n’ont une seule fois mentionné les chambres à gaz ou les camions à gaz. Pour ne prendre que ces exemples, ni Churchill, ni Eisenhower, ni de Gaulle, ni Truman, ni Staline, ni Benes n’en ont parlé. D’où, lors de l’émission de Thierry Ardisson « Tout le monde en parle » (6 mars 2004), la réflexion de l’amiral Philippe de Gaulle à propos des Juifs : « Les Allemands ont voulu, sinon les exterminer, du moins les chasser. »
Quant aux « témoins », s’ils ont su évoquer la déportation, l’internement, les épidémies et cent autres épreuves, ils n’ont jamais pu vraiment décrire ces « usines de mort » ou ces armes de destruction massive. Faute de preuves, on produit des témoignages, par exemple ceux d’Elie Wiesel, de Primo Levi ou de Simone Veil. Parlons-en !
Dans son livre, La Nuit, qu’il nous a ailleurs présenté comme un récit autobiographique dont chaque page serait vraie, Elie Wiesel raconte son expérience d’Auschwitz. Jamais il n’y mentionne les chambres à gaz. Il nous affirme que les Juifs étaient brûlés vifs dans des fournaises en plein air ! Un jour, à la suite d’une blessure au pied, il a été hospitalisé dans l’enceinte du camp ; il a pu coucher dans des draps blancs et il a été opéré avec, à ses côtés, pour le rassurer, son propre docteur, « un grand médecin juif ». A l’approche des Russes, les Allemands lui ont laissé le choix, ainsi qu’à son père, de rester dans le camp ou de suivre les troupes allemandes dans leur retraite ; après mûre concertation, le père et le fils ont choisi de partir avec leurs exterminateurs plutôt que d’attendre leurs libérateurs (La Nuit, Editions de Minuit, 1958, p. 124-133).
Quant à Primo Levi, interné lui aussi à Auschwitz, il ne mentionne que vaguement, dans son propre livre, « la chambre à gaz » (au singulier) et l’un de ses camarades parle de lui comme de « l’Italien qui ne croit pas aux sélections » et donc aux chambres à gaz (Si c’est un homme, Julliard, 1987, p. 55 ; il s’agit de la traduction de Se questo è un uomo dans sa version originale de 1947).
Internée à Auschwitz sous son nom de jeune fille (Simone Jacob), S. Veil nourrit la plus grande méfiance à l’endroit de ceux qui, tel Maurice Benroubi, ont osé se présenter en témoins des gazages. La propre théorie de S. Veil veut que les Nazis aient « détruit [l]es chambres à gaz et supprimé systématiquement tous les témoins » (France-Soir Magazine, 7 mai 1983) ; soit dit en passant, il s’agit là d’une allégation classique mais qu’on serait bien en peine de prouver parce qu’en fait elle ne repose sur rien.
Le vertigineux toboggan de la révision des chiffres
B. Gollnisch a pleinement raison de dire que les historiens devraient avoir le droit en 2004 de « discuter » du « nombre des morts ». Ils ne s’en sont pas privés de 1945 à 2002. Dans le film Nuit et Brouillard, que sont astreints à voir tous les lycéens de France, le nombre des morts d’Auschwitz est donné comme étant de 9 000 000. Les juges de Nuremberg l’ont évalué, eux, à 4 000 000. C’est ce chiffre qui figurait sur les stèles du monument d’Auschwitz-Birkenau. En 1990, ces stèles ont été retirées et remplacées en 1995 par d’autres, indiquant le chiffre de 1 500 000, soit une réduction de 2 500 000 morts ! En 1990, François Bédarida a proposé une estimation « de 950 000 à 1 200 000 » (Le Monde, 22 juillet 1990). J. C. Pressac a successivement donné les chiffres de 1 000 000 en 1989, de 800 000 en 1993 et de 630 000 à 711 000 en 1994 (Auschwitz : Technique and Operation of the Gas Chambers, 1989, p. 264 ; Les Crématoires d’Auschwitz, 1993, p. 148 ; Die Krematorien von Auschwitz, Munich, Piper, 1994, p. 202). En 2002, Fritjof Meyer a proposé le chiffre de 510 000 morts (Osteuropa, mai 2002, p. 641). Ce dernier chiffre connaîtra sans nul doute d’autres substantielles révisions à la baisse du nombre des morts dans les 39 camps du complexe d’Auschwitz. On pourrait citer bien d’autres évaluations venues d’historiens accrédités. Ces révisions attestent de ce que, dans les faits, beaucoup d’auteurs, pourtant orthodoxes, ont vigoureusement contesté les conclusions du tribunal de Nuremberg et donc l’esprit de la loi Gayssot.
Bruno Gollnisch a fait preuve de circonspection et de mesure
On voit qu’en matière de révision B. Gollnisch fait pâle figure à côté de nombre d’historiens de la Shoah. Il n’a jamais poussé l’audace jusqu’à enfreindre aussi clairement que ces derniers l’oukase antirévisionniste. Ses censeurs lui dénient le droit de libre recherche et réservent ce privilège à leurs proches (« Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis »). A moins que, dans leur amateurisme ou leur ignorance du sujet, lesdits censeurs n’aient pas lu avec attention la littérature de l’Holocauste.
Il convient que cesse ce jeu de rôles et que l’accusé jouisse des mêmes droits que ses accusateurs. B. Gollnisch, comme toujours depuis 1990, se contente de préconiser le droit pour tous au doute et à la recherche en matière d’histoire. Il demande l’abrogation d’une loi stalinienne. Au regard de ce qu’ont écrit tant de ses confrères ou collègues historiens, il aurait pu aller beaucoup plus loin. Au lieu de quoi, il a fait montre de circonspection et de mesure. Les cris d’horreur qu’ont suscités ses déclarations sonnent faux. L’indignation manifestée par certains est forcée. L’hallali déclenché contre sa personne est un outrage. Cette année, les habituels groupuscules d’agit-prop et ceux qui les financent ont essuyé, coup sur coup, trois échecs : ils ont d’abord étalé au grand jour leurs dissensions ; puis, ils ont vu la Cour de cassation mettre à bas, d’un seul coup, tout l’édifice de leurs machinations contre Jean Plantin ; enfin, le rapport Rousso leur a infligé une volée de bois vert. Il leur fallait découvrir d’urgence une nouvelle proie parmi les enseignants de l’Université Lyon III. Ils ont jeté leur dévolu sur B. Gollnisch. Mauvais choix.
Les autorités devraient réfléchir à deux fois au cas de B. Gollnisch
Les autorités judiciaires, ministérielles, rectorales et universitaires devraient réfléchir à deux fois avant de se prononcer sur son cas. Elles, qui invoquent le droit, devraient se rappeler qu’en France des lois protègent la présomption d’innocence et punissent l’outrage à une personne chargée d’une mission de service public. D’autres lois sanctionnent l’entrave à la liberté du travail. D’autres enfin répriment le dommage qu’on cause à autrui par sa propre faute, par sa légèreté, par sa négligence ou par son imprudence. La justice n’admet pas que, selon le système des deux poids et des deux mesures, on aille blâmer chez l’un ce qu’on a approuvé ou admis chez les autres. Elle oblige qu’on accorde à B. Gollnisch la même liberté de jugement que celle qu’on a laissée à tant d’autres universitaires ou chercheurs. La loi doit être la même pour tous, sans exception. B. Gollnisch s’est, au demeurant, exprimé, hors de son université, en qualité de responsable politique attaché aux libertés publiques. Son université n’a pas la permission de s’ingérer dans sa vie politique. Elle lui doit protection contre la trentaine de perturbateurs venus de l’extérieur et que le rapport Rousso, à l’occasion d’affaires antérieures, dépeint avec justesse comme des frénétiques qui cherchent à tout prix l’attention des médias. Laisser de tels individus agir à force ouverte dans l’enceinte de l’université, c’est encourir une grave responsabilité. Prétendre qu’un professeur cause un trouble à l’ordre public par le simple fait qu’il vient faire son cours, c’est à la fois lui causer un préjudice, sujet à réparation, et, tout bonnement, se moquer du monde.
Brillant professeur et admiré de ses étudiants, Bruno Gollnisch mérite l’estime générale. Nous l’estimons et nous le défendrons.
Collègues, étudiants et amis de Bruno Gollnisch [12 novembre 2004]